Communiqué de presse du 14 septembre 2006


Reconnaissance officielle de la pollution environnementale par l'amiante

autour du site du CMMP à Aulnay-sous-Bois

 

Le 26 juillet 2006 la Cellule interrégionale d'épidémiologie d'Ile de France (CIRE) dans un rapport provisoire, a rendu compte des résultats de son étude sur " la validation d'un signal sanitaire d'origine environnementale ", autour du CMMP. Cette ancienne usine, située à Aulnay-sous-bois, a broyé différents minéraux, dont l'amiante en grande quantité pendant des décennies

En l'occurrence, il s'agissait -sans aucune recherche d'exhaustivité d'enquêter sur un nombre limité de personnes ayant vécu auprès du site ou y ayant travaillé, et étant aujourd'hui atteintes de maladies spécifiquement liées à l'amiante. Vingt et un dossiers -fournis essentiellement par les Associations (*) concernaient des personnes atteintes de mésothéliome ou d'asbestose ou de plaques pleurales. Les cas de cancers du poumon n'ont pas été pris en compte à ce premier stade de l'étude

Il faut noter, qu'à l'heure actuelle, les Associations disposent au total de 65 dossiers, ceux considérés comme incomplets n'ont pas été introduits dans l'étude à ce premier stade du travail.

Sur les 21 cas étudiés par la CIRE :

 - 11 cas sont d'origine purement environnementale ou à dominante environnementale, tous liés au CMMP. Ces personnes ont habité ou été scolarisés, ou travaillé en plein air, à moins de 400 m du site, pendant 8 à 32 ans, souvent dans leur enfance, durant la période d'activité de l'usine. Le temps de latence, entre la première exposition à l'amiante et la survenue de l'affection est au moins de 40 ans. Quatre cas de mésothéliome appartiennent à ce groupe.

 - 1 cas peut être classé à dominante para-professionnelle, en relation avec le CMMP, la personne a habité 2 ans dans l'usine, côtoyé le personnel et participé à des tâches ménagères dans l'usine.

 - 9 cas sont des cas professionnels dont 7 ont travaillé au CMMP (dont 3 mésothéliomes), et 2 sont des cas mixtes d'exposition professionnelle en dehors du CMMP, mais avec une exposition environnementale liée au CMMP.

Ces résultats valident entièrement l'existence de pathologies dues à l'amiante dans l'environnement de certains sites industriels.

Alors qu'il existe plusieurs enquêtes de ce type à l'étranger, il s'agit de la première étude française produite par un organisme de recherche, et réalisée grâce à la mobilisation préalable d'un mouvement issu du milieu associatif

En matière de suivi sanitaire, les pouvoirs publics doivent en tirer les conclusions : recherche active des personnes contaminées en vue d'être indemnisées, signalement des nouveaux cas par les médecins, suivi médical des riverains qui le souhaitent.

Il reste maintenant à souhaiter que les institutions élargissent l'étude à l'ensemble de la population d'Aulnay voire des communes avoisinantes, et qu'elles mettent également sur pied des études du même type autour des sites industriels connus comme ayant été les plus polluants, à Condé-sur-Noireau, à Prouvy-Thiant, à St Nazaire, etc..

Concernant Aulnay, les bâtiments du CMMP sont toujours en place. Au vu des résultats de l'étude de la CIRE, et pour la protection des riverains du site dans la prochaine phase de démolition de ces locaux, les associations insistent et persistent sur la nécessité de mesures maximales de précaution à mettre en œuvre pour la déconstruction de l'ensemble des ex-locaux du CMMP (confinement extérieur global de l'ensemble des bâtiments appelé plus couramment " mise sous bulle ").

Enfin, plusieurs victimes ont déposé plainte au pénal devant le Tribunal de grande instance il y a plusieurs années, mais elles sont toujours en attente du procès des responsables. Il semble que l'étude de la CIRE est suffisamment convaincante pour lever les éventuelles incertitudes des juges. Aussi les victimes comprendraient mal que les autorités judiciaires persistent dans leur silence.

 

(*) Collectif des riverains et victimes du CMMP, Associations de parents d'élèves de l'école du Bourg LIPE et FCPE, Aulnay Environnement, ADDEVA 93, Ban Asbestos France.