Alors que
le Clemenceau est attendu dans les prochains jours
à Brest, Greenpeace, l'Andeva, le Comité
anti-amiante Jussieu, Ban Asbestos et la FIDH se
réjouissent que ce cas exemplaire en
matière d'exportation de déchets toxiques
ait permis le lancement, en France, d'une vraie dynamique
de travail sur la gestion des navires en fin de vie, dans
le respect de la santé des travailleurs et de
l'environnement. "Le chemin emprunté par le
Clemenceau aura été long et sinueux pour
arriver à ce que nous demandions depuis des
années, rappellent les porte-parole des
associations. De telles tempêtes médiatiques
sont parfois nécessaires pour que les Etats
prennent réellement en charge des dossiers que
jusque-là ils ignoraient - ou feignaient
d'ignorer."
Grâce
à la campagne contre l'exportation de cette coque
toxique, menée par cette coalition d'associations
et les syndicats de travailleurs indiens, c'est toute la
filière de démolition des navires en fin de
vie qui est en train d'évoluer. D'abord avec
l'engagement de la France pour développer des
filières européennes de dépollution.
Ensuite avec la perspective de transferts Nord/Sud de
technologies et de compétences, pour doter les
chantiers de démolition d'Asie du Sud des
capacités de gestion des substances toxiques.
Enfin, avec le coup de projecteur donné sur la
précarité des conditions de travail des
ouvriers dans les chantiers asiatiques. Par crainte de
nouvelles pertes de contrat, les responsables de ces
chantiers commencent semble-t-il à prendre des
mesures.
"Voilà
enfin la mise en uvre du droit international sur
l'interdiction d'exporter des déchets toxiques
vers les pays du Sud, pour lequel Greenpeace se bat
depuis plus de 20 ans dans le monde entier (1)"
déclare Yannick Jadot, directeur des campagnes de
Greenpeace France. "Nous resterons vigilants quant
à l'indépendance de l'expertise qui sera
réalisée sur la coque pour évaluer
les substances toxiques à bord, en particulier le
respect des réglementations amiante", ajoute
Michel Parigot, président du Comité
anti-amiante Jussieu et vice-président de
l'Andeva. "De même, nous veillerons à ce que
la stratégie française s'inscrive dans une
perspective européenne (2) et renforce le travail
mené par l'Organisation maritime internationale
(OMI), l'Organisation internationale du travail (OIT) et
la Convention de Bâle", souligne pour sa part Annie
Thébaud-Mony, porte-parole de Ban
Asbestos.
Regroupées
au sein d'une coalition européenne, les
organisations écologistes, anti-amiante et de
défense des droits de l'Homme publient un rapport
intitulé : Démolition navale, défis
et responsabilités pour l'Union européenne.
"L'histoire du Clemenceau démontre la
capacité de la société civile
à faire prévaloir le droit sur des
considérations purement économiques,
conclut Sidiki Kaba, président de la FIDH. Et si
la France fait preuve d'initiative en matière de
démantèlement au niveau européen,
elle sortira grandie de cette affaire. Ce ne sera pas la
moindre de nos victoires."
En dépit
de la légitimité de la campagne
menée contre l'exportation du Clemenceau, reconnue
a posteriori par le Conseil d'Etat, sept activistes de
Greenpeace sont convoqués lundi 15 mai à 14
heures au Tribunal correctionnel de Marseille (chambre
spécialisée en matière militaire).
Ils risquent un an d'emprisonnement et 15 000 euros
d'amende pour "pénétration non
autorisée sur un engin militaire" (le 12
décembre à Toulon ; le 12 janvier au large
du Canal de Suez).
Notes:
(1) -
www.greenpeaceweb.org/shipbreak.
(2) - Voir la
stratégie élaborée par la
Grande-Bretagne ; et le discours de Stavros Dimas,
commissaire européen à
l'Environnement.