Communiqué de presse du 27 novembre 2008

BAN ASBESTOS FRANCE

Rome 2008


La 4e conférence des parties à la convention de Rotterdam

n'a pas reconnu le droit à l'information des peuples exposés à des substances dangereuses

 

La 4e conférence des parties à la convention de Rotterdam, réunie à Rome la dernière semaine d'octobre, a fait apparaître au grand jour les bases sur lesquelles se fondent les Etats qui ont refusé l'inscription dans l'annexe III de cette convention de l'amiante chrysotile et de l'endosulfan, substances interdites en Europe.

La convention de Rotterdam oblige les états exportateurs à informer les pays importateurs de la réglementation en vigueur et des conséquences sanitaires et environnementales possibles des substances toxiques inscrites dans cette liste, afin de permettre aux pays importateurs de prendre une décision éclairée avant importation.

Le Canada, pays toujours producteur d'amiante chrysotile et surtout premier défenseur des intérêts mondiaux de l'industrie de l'amiante dans le monde, s'est abrité derrière les pays vers lesquels il exporte - notamment l'Inde - pour obtenir que cette fibre mortelle demeure en vente libre sans information.

Quant à l'industrie des pesticides, elle a également trouvé ses défenseurs en soufflant l'argument suivant, repris par la délégation indienne à Rome : " Si les gens n'utilisent pas correctement l'endosulfan, pourquoi blâmer l'endosulfan, ce sont ses utilisateurs qu'il faut blâmer " (Voir site www.downtoearth.org.in, november 27, 2008).

Ainsi l'exigence d'une décision à l'unanimité des parties permet-elle aux acteurs économiques de détourner la Convention de Rotterdam de ses objectifs de défense de la santé publique et de la santé au travail pour en faire l'instrument d'une protection des intérêts privés liés au commerce de substances dangereuses.

ROCA, l'alliance de plusieurs centaines d'associations de défense des droits fondamentaux en matière de santé, travail, environnement - dont le réseau international Ban Asbestos (voir www.ban-asbestos-france.com) - a vainement tenté de rappeler, à Rome, le rôle de la Convention de Rotterdam (cf. encadré). A l'issue de celle-ci, dans un communiqué commun, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) ont exprimé " l'inquiétude de nombreux gouvernements " devant une telle dérive de la négociation internationale en matière de droit de la santé et de l'environnement.

Pour permettre à la convention de Rotterdam de jouer son rôle, la règle du consensus doit être remplacée par un vote à la majorité. Souhaitons que cela soit à l'ordre du jour de la prochaine conférence des parties.

 

 

Extraits de l'intervention à la Séance plénière de la COP4,

par Madhumita Dutta, déléguée indienne de l'Alliance pour la convention de Rotterdam

Rome, le 31 octobre 2008

En tant qu'ONG travaillant avec des ouvriers et leurs familles exposés dans nos pays à l'amiante chrysotile, nous sommes profondément choqués et affligés de la décision ou plutôt l'indécision sur l'inclusion de l'amiante chrysotile dans l'annexe III de la convention.

A l'évidence, parmi les parties, il n'existe aucun désaccord scientifique sur la capacité de cette substance à porter atteinte à la santé [….]. A l'évidence, l'opposition à son inscription se réfère exclusivement à des intérêt commerciaux et politiques, au mépris des enjeux de santé publique et de droits humains que la Convention de Rotterdam est censée promouvoir en donnant aux pays le droit à prendre des décisions éclairées.

En l'état, il s'agit d'une bien triste situation. Tandis qu'ici les parties à la convention décident de reporter la décision de l'inclusion de l'amiante chrysotile à la 5e conférence des parties dans deux ou trois ans, tant de vies seront encore perdues par manque de protection et d'information contre cette substance mortelle

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